Le cancre

Quand le maître l'interroge,

Il sent que son corps fond.

Il fixe alors l'horloge

Puis regarde le plafond.

 

Il cherche la réponse

A la question posée.

Son chemin a des ronces

Et lui donne la nausée.

 

Il bafouille,il bégaie

Devant son auditoire.

On dirait qu'il pagaie

Dans une petite baignoire.

 

Il transpire, devient rouge,

Comme une tomate bien mûre.

Pas un élève ne bouge

Puis soudain un murmure.

 

Le maître tend l'oreille,

D'un geste désespéré.

Peut-être l'esprit s'éveille

A force de l'éclairer.

 

Il tortille sa blouse grise,

Devant le tableau noir

Puis sort une grosse bêtise

De sa piètre mémoire.

 

Jusqu'au fond de la classe,

C'est un éclat de rire.

Pleurant, la tête basse,

Le cancre voudrait mourir.

 

Sans un mot il rejoint

Sa place, près du fourneau.

Il voudrait fuir très loin,

Voler comme un moineau.

 

Il prendra sa revanche

Plus tard, à l'âge adulte.

Il se voit sur sa branche,

Perché haut, il exulte.